Denis Toison

   Au début du XXème siècle, Château-Thierry était une petite ville bien tranquille. Un lieu paisible où, lors des dimanches d’été, Château-Plage devient une guinguette des bords de Marne vivante et animée comme à Nogent ou à Joinville-Le-Pont.

   Les castelthéodoriciens ont tout finalement pour être heureux, Henri Toison est l’un d’eux. Après avoir fait son service militaire au 120ème de ligne à Saint-Denis, il est mobilisé comme des millions d’autres en août 1914 et part à 37 ans, laissant femme et enfant, pour une guerre que personne n’avait imaginée. Incorporé au 9ème d’Infanterie Territoriale, il subit d’abord la routine des « pépères » de l’arrière, mais en passant en décembre 1915 au 23ème RIT, tout changera et il connaitra lui aussi la terrible vie des tranchées aux abords du fort de la Pompelle puis à Berry-au-Bac, pendant près de 30 mois. Les hasards  des combats feront qu’Henri Toison retrouvera sa ville natale lors de la seconde bataille de la Marne en juillet 1918. Il y reviendra définitivement quelques mois plus tard, après avoir défilé victorieux et amer, en Alsace. Il découvrira alors une ville en ruines, détruite et ravagée, une ville à la « gueule cassée », à l’image de ces poilus dont certains généraux « pourvoyeurs de mort » s’en étaient fait leur « chair à canon ».